1000 Répliques adressées à  Jean-Marie Piemme

Réplique 0393

Par Perrine Sirjacobs et Malkiel Golomb

Qu’est-ce que je suis pour toi ? Un vaste champ de signes qu’il faut constamment interpréter. Je fais tel geste, je respire en silence, et tout de suite cela signifie ceci et cela, que je vais te quitter, que je vais t’avouer qu’il y a un autre homme dans ma vie, que je suis enceinte, que je viens d’avorter, que je te trouve bien plus banal qu’avant, que je suis malheureuse, que cette année, je ne veux plus aller en vacance à la montagne, que je deviens comme ma mère, que je regrette de t’avoir épousé. Etc, etc. Quelle misère ! Tu es atteint d’interprétationnite aigüe, cher ami. Faut de faire soigner. Même les mouvements naturels de mon visage ne m’appartiennent plus. Mon œil qui se ferme sous le coup de vent, c’est - paraît-il- le réel que je ne veux pas voir, c’est la manifestation visible de mon désir inconscient de ne pas voir. Des conneries comme ça, tu en as plein les poches. J’en ai jusque là. Je suis ce que je suis. Je fais ce que je fais. Il n’y a pas d’arrière fond. Et quand je te dis « tu m’emmerdes », ça veut dire « tu m’emmerdes. » - Oui, mais qu’est-ce ça veut dire quand tu me dis que « tu m’emmerdes, et que ça veut dire que tu m’emmerdes » ? Tu m’as l’air très peu sûre de toi, finalement.

Jean-Marie Piemme
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